Les ressources principales du pays sont l'agriculture, la pêche et la sylviculture qui emploient 45 % des Philippins
Plus de la moitié de la superficie des forêts a été abattue pour en faire des terres agricoles et des pâturages.
Les principales cultures sont le riz, le maïs et le manioc. Le riz constitue la base de l’alimentation. Mais sa seule production ne suffit pas toujours à nourrir toute la population de l’archipel. Les Philippines produisent également différentes sortes de fruits et légumes.
Le secteur agricole souffre d’une faiblesse générale, à cause du peu de liens qu’il entretient avec le reste de l’économie. Une stratégie agro-alimentaire plus équilibrée devrait lier davantage l’agriculture et l’industrie, en créant un secteur manufacturé concurrentiel qui utiliserait les matières premières locales. Cela fournirait des emplois à une majorité de la population et permettrait de créer des entreprises paysannes viables, en relation avec l’industrie. Le gouvernement, qui a établi un plan de développement sur 5 ans, de 1993 à 1998, désirerait atteindre cet objectif.
Les mesures mises en œuvre pèsent parfois lourdement sur le niveau de vie des habitants. Ainsi, le programme de réformes prévoit d’augmenter la production de biens d'exportation, plus rentables pour le pays. Il faut dès lors réduire de 50 % les terres réservées aux cultures vivrières, et ceci en faveur du coton, des orchidées, de la canne à sucre ou des asperges. Or, pour assurer la sécurité alimentaire, une superficie suffisante doit être réservée à la culture des produits alimentaires de base : riz, maïs, légumes ...
La condition des fermiers
Dans les années 60, la révolution verte impose aux fermiers du pays la culture d'un ensemble de variétés de riz à haut rendement : les High Yielding Varieties, ou HYV. Ces espèces demandent peu de soins et d'attention. Par contre, elles nécessitent l'utilisation d'une grande quantité de fertilisants, d'engrais chimiques et de pesticides qui épuisent peu à peu les sols.
Comme dand beaucoup de pays industrialisés, les fermiers sont devenus dépendants des fournisseurs de produits chimiques. Pour se les procurer, ils ont recours aux emprunts, et se laissent entraîner dans un engrenage auquel il est très difficile d'échapper...
La situation des fermiers et de leurs familles est donc assez précaire : ils vivent largement au-dessous du seuil de pauvreté, et la malnutrition est leur lot quotidien. Leurs enfants ne sont pas scolarisés, soit parce qu'ils travaillent dans les champs, soit parce que les écoles sont trop éloignées.
Les fermiers sont réduits à piller les ressources naturelles pour dégager des revenus financiers nécessaires à leur survie. Pendant les mois de sécheresse, ils abattent les arbres pour en faire du charbon de bois qu’ils vendent dans les villes, contribuant ainsi au déboisement des campagnes.
Beaucoup ne possèdent pas la terre qu'ils cultivent, ni de titre d'exploitation ou de location.
C’est pour lutter contre ce phénomène de concentration des terres que fut adopté en 1988, sous la présidence de Cory Aquino, le programme de réforme agraire appelé Comprehensive Agrarian Reform Program. Mis en pratique à partir de 1991, ce programme vise à redistribuer les terres de riches propriétaires terriens, après indemnisation, à des fermiers qui les cultivent depuis au moins dix ans.
Même si certains fermiers ont déjà bénéficié de ce programme, il est encore loin de répondre à tous les besoins. Des terres agricoles qui normalement devraient entrer dans la catégorie de la réforme agraire sont transformées en sites industriels, touristiques, et même en terrains de golf. Des aéroports et des ports sont créés sur certains terrains, déplaçant des familles entières...
Aux Philippines, une grande partie des fermiers sont totalement dépendants des commerçants, dont le pouvoir réside en l’argent. Ce sont les commerçants qui vendent les engrais et les produits chimiques. Ils louent aussi les machines agricoles nécessaires au travail du sol et à l’égrainage du riz. Ces mêmes commerçants achèteront le riz pour le sécher, le décortiquer, le conditionner et le stocker. Ils le revendront plus tard, prêt à la consommation ... principalement aux fermiers qui l’ont cultivé, en s’enrichissant à leurs dépens.
L’organisation de pénuries est assez fréquente : en ne mettant sur le marché qu’une minime partie du riz disponible, les marchands arrivent à faire monter les prix.
Lorsque les fermiers ont des difficultés financières, ils échangent à l’avance une partie de leur future récolte contre de l’argent, des produits chimiques ou des machines, à un taux extrêmement défavorable... Le remboursement de ces prêts constitue pour eux une priorité, d’une part, pour pouvoir en obtenir de nouveaux. D’autre part, pour ne pas devoir rembourser trop d’intérêts.
Le gouvernement, conscient de l’injustice de la méthode alili, a créé un système alternatif pour l’achat et la vente du riz traité à un prix honnête. Les entreprises chargées de le mettre en oeuvre sont subsidiées par l’Etat, mais peu efficaces. Leur rôle est réduit, car il se limite au traitement du riz. Tout ce qui concerne la location des machines agricoles et la vente des produits chimiques reste du ressort des commerçants, qui conservent ainsi un moyen de pression sur les fermiers.
Pour pouvoir travailler dans le cadre du National Food Authority ou NFA, les fermiers doivent acheter une licence qu’ils sont généralement incapables de payer. De plus, la méthode de fixation des prix est trop figée. Dès que le NFA a fixé son prix d’achat, qu’il ne réajustera pas, les commerçants proposent un montant légèrement supérieur. Plus tard, ils récupéreront leur manque à gagner en vendant le riz décortiqué, aux fermiers, à un plus haut prix... Le manque de souplesse du NFA empêche donc son bon fonctionnement. Les commerçants tiennent toujours, par diverses astuces, les rênes du système.
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