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Que fument les mégapoles tentaculaires,
Au pied des montagnes de toute éternité.
Dans les rues inconnues suintantes de lumière,
La houle des visages vagues sans respect
Semble nous rejeter vers nos rivages amers.
Corée, ton âme un jour me sera-t-elle dévoilée?
Tel un vieil homme portant un trop lourd fardeau,
Ta mémoire chargée des injustices anciennes
Sait que l'étranger est ton pourvoyeur de maux.
La balafre en ton cœur déchiré est ta peine
Enfouie sous le ciment social des travaux
Que ton peuple-machine exécuta en chaînes.
Corée, ton âme par le han est-elle ligotée?
Tout comme la pyramide aux formes idéales,
Ta société si rigide a défié les ans.
Aiguillonnée sur les rails du progrès mondial
Elle acquit la célérité du changement,
Sans révolution, sans doute, avec l'idéal
Du médaillé recherchant l'or absolument.
Corée, ton âme doit-elle délaisser le passé?
A l'ombre des immeubles de verre et d'acier,
Sur le trottoir, crépite un feu de bois d'hiver.
Dans les nombreux souterrains au marbre grisé,
Des cabanes en carton pour échoppes se terrent.
Dans le flot des autos rutilantes et pressées,
Un pousse-pousse freine sur son pneu arrière.
Corée, ton âme peut-elle oblitérer le passé?
Dans les locaux tout neufs, son sourire figé,
La tête de cochon recueille les offrandes
Évitant l'écueil des esprits mal apaisés.
La chamane, liant familial qui transcende
Le temps, est le secret de ta sérénité,
Face aux mirages du progrès qui nous commande.
Corée, ton âme devrait-elle aux esprits renoncer?
Tes matins écument tes soirées bouillonnantes,
Comme fourmi pliant ses ailes de cigales.
Sous la rigueur dictée, ta nature brûlante,
Comme le rire sous le masque théâtral.
Ta gentillesse submerge ta rudesse ambiante,
Comme pluie féconde et sécheresse hivernale.
Corée, ton âme et ton corps seraient-ils si opposés?
Lettrés déchus de ta société technicienne,
Noble couronne portée par la bourgeoisie,
Communauté où l'idée du moi sera reine,
Barrage de ta nation devenant pertuis:
Es-tu prêt à préserver ta culture ancienne
Devant la mondialisation qui aplanit?
Corée, ton âme pourra-t-elle évoluer sans copier?
Corps et âme seront-ils comme Yin et Yang, enlacés?
